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Mes réflexions autour de Silverlight 2 et du MIX08

Suite à une série de billets publiés sous forme de compte-rendu, je me livre maintenant à une analyse à froid de la stratégie de Microsoft sur les interfaces riches et sur Silverlight en particulier.

Silverlight est là pour durer

Au vue de l’ambition et des moyens qui sont engagés par Microsoft, il est clair que les interfaces riches est un créneau (marché ?) que Microsoft veut investir durablement. Traduction : ils mettent le paquet pour réussir.

Ce n’est donc pas un hasard si Silverlight est proposé dans les mises à jour de Windows, le déploiement doit se faire rapidement.

Deux leviers de différenciation

Pour rattraper son retard sur Flash, Silverlight doit trouver sa place dans un marché un quête d’un second souffle. Microsoft a donc choisi de miser sur deux critères de différenciation : La vidéo HD et les applications d’entreprise.

Le premier car ce créneau est encore quasi vierge (du coup Adobe contre-attaque avec son initiative HD Video). Le gros partenariat avec NBC pour la retransmission des J.O. devrait jouer un rôle important dans l’évangélisation de Silverlight auprès du grand public.

Le second car Adobe a du mal à pénétrer ce marché et que Microsoft dispose déjà d’une très importante base de clients et de développeurs (lire à ce propos un billet de l’année dernière : Réflexions autour de Silverlight). La mise à disposition d’un ensemble de composants standards d’interface (boutons, menus déroulant, champs…) est ainsi un premier pas vers une approche industrialisée du développement de RIA d’entreprise.

Un discours tourné vers les annonceurs

Force est de constater que Microsoft ne s’embête pas trop à séduire les utilisateurs, ce serait un chantier bien trop laborieux et inutile (surtout avec Deux sites qui se font concurrence : microsoft.com/silverlight et silverlight.net).

Microsoft préfère concentrer son attention sur les annonceurs en leur fournissant des outils qui facilitent la monétisation des contenus :

  • L’intégration native de la gestion des publicités au sein de l’environnement de développement (ad templates) qui permet de gérer l’apparition de bannières à des moments précis de la timeline ou sur déclenchement d’un évènement, de gérer leur comportement, d’afficher des bannières transparentes en sur-impression (ad overlay) ou encore de faire du tracking ;
  • La possibilité de faire du téléchargement progressif (progressive download) pour ne pas gâcher de la bande passante inutilement (améliorant ainsi les coûts d’exploitation) ;
  • La possibilité d’activer la gestion dynamique de la bande passante (adaptive streaming) qui permet de réduire la qualité d’une vidéo pour ne pas interrompre le streaming (et donc l’affichage des fameuses bannières).

Bref, vous l’aurez compris, ils ont pensé à tout et les annonceurs / agences ne seront pas sourds à ces outils très précieux.

Quid des outils de conception ?

Je ne sais pas pour vous mais j’ai la très désagréable impression d’être la troisième roue du carrosse. Je m’explique : pour faire un site web ou une application en ligne, vous avez besoin de trois types d’intervenants : les designeurs qui s’occupent du look&feel, les développeurs qui s’occupent de la programmation et de la viabilité technique, les architectes fonctionnels qui se chargent des aspects métiers et de l’utilisabilité.

Microsoft tout comme Adobe concentrent tout leurs efforts sur les designeurs et les développeurs, mais ne s’adressent pas du tout aux concepteurs. C’est très dommage, car ces trois métiers travaillent de concert et devraient partager le même environnement de travail.

Je rêve ainsi d’une plateforme unifiée servant à faire la conception graphique, technique et fonctionnelle d’une RIA. Une plateforme de conception où il serait possible de :

  • Créer des arborescences ;
  • Modéliser des processus métiers ou des parcours clients (sous forme de use cases) ;
  • Faire du prototypage rapide sur des écrans fonctionnels (appelé ça comme vous voulez : storyboard, wireframe…) ;
  • Décrire le comportement des interfaces et des différentes modalités d’interaction (des sortes de mini-specs).

Jusqu’à présent l’offre des grands éditeurs est inexistante sur ce créneau, il n’existe que des acteurs de niche comme Norpath ou Axure.

Pour l’instant je n’ai entendu que des rumeurs et bruits de couloir : une extension à la suite Expression pour Microsoft et un certain projet “bordeaux” chez Adobe (un outil à mi-chemin entre Fireworks et Thermo).

2008 sera une année décisive

Je suis intimement persuadé que 2008 va être une année charnière pour les interfaces riches où tout va se jouer en quelques trimestres. Les enjeux sont de taille et le web 2.0 se cherche un second souffle, la bataille s’annonce donc épique avec un probable point culminant pour les sorties officielles de Silverlight 2 et Flash 10.

En attendant, Microsoft (tout comme Adobe) poursuit son travail d’évangélisation et de séduction. Espérons qu’ils n’oublieront personne en chemin (cf. mon paragraphe sur les outils de conception).

/! Article précédemment publié sur FredCavazza.net.