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Avec Polymer, Google veut faire d’Android une interface universelle

Après de nombreuses rumeurs et fuites, Google vient enfin de lever le voile sur la future version de son système d’exploitation mobile : Android évolue vers les applications universelles et les objets connectés. Google ne cache donc plus son ambition de faire d’Android LE système d’exploitation universel, celui qui équipera les smartphones, tablettes, voitures, TV, consoles de jeu, objets connectés… Mais qui dit OS universel, dit forcément interface universelle, et c’est là où les choses se compliquent, car d’autres s’y sont cassé les dents (De la difficulté de concevoir une interface multi-terminaux). Sauf que les premiers éléments dévoilés nous laissent penser que cette tentative pourrait bien être la bonne…

Un nouveau langage visuel multi-terminaux

La preview de Android L n’est disponible que depuis quelques heures, mais l’on commence déjà à voir les premiers tests : Using Android L: a first look at Google’s future. Les premiers retours sont plutôt très bons, notamment en ce qui concerne la nouvelle charte graphique proposée par Google : This is material design. Plutôt que de “charte”, les équipes de Google préfèrent parler de “langage visuel”, car l’ambition est de proposer des concepts visuels qui puissent s’adapter aux différents terminaux actuels et à ceux qui restent à concevoir.

materialdesign-5314324 Le nouveau langage visuel de Google pour Android

Disponible sur Google.com/design, ce nouveau langage visuel est une réinterprétation du flat design, mais qui apporte des nouveautés non négligeables, son précédent nom de code était “Quantum Paper” (on en trouve d’ailleurs quelques références dans la documentation).

Material Design repose sur quatre grands principes :

  • Des couleurs vives pour maximiser le contraste et limiter la pollution visuelle ;
  • Des unités d’information sous forme de cartes (ou “widgets”) ;
  • Des ombres portées générées en temps réel, pour donner de la profondeur ;
  • Des animations et transitions très poussées pour donner plus de sens à chacune des actions (cf. Les transitions sont un élément essentiel des interfaces).

Force est de constater qu’il y a une nette amélioration au niveau de la lisibilité, et surtout dans l’aspect très aéré des interfaces : Comprendre le Material Design de Google.

android-l-ui-6553670 Exemple d’interfaces Android utilisant le Material Design

Tout ceci est très agréable à regarder, particulièrement les transitions et autres animations qui sont un authentique régal pour l’oeil (ex : Meaninglful Transitions, Responsive Interaction, Delightful Details). Mais comme souvent, le plus intéressant se trouve sous le capot.

Un nouveau framework pour des composants d’interface modulaires

Google étant avant tout une entreprise technologique, cette vision de la nouvelle couche graphique d’Android s’accompagne d’outils pour les developpeurs, notamment avec l’adoption définitive de ART (“Android RunTime“), le nouveau moteur d’exécution qui était en test sur la version actuelle d’Android. Il y a surtout Polymer, un framework front office permettant de créer très facilement des interfaces modulaires à l’aide de composants génériques baptisés elements. Dans le même esprit que d’autres frameworks comme Bootstrap ou Foundation, Polymer repose sur des balises propriétaires : HTML définit un certain nombre de composants génériques que l’on intègre avec des balises (ex : ), Ploymer fait de même avec ses propres balises (ex : ) : Exploring Google’s Material Design with Polymer.

polymer-ui-9525311 Exemples de composants d’interface générés par Polymer

Cette approche permet de simplifier la prise en main et surtout d’uniformiser le rendu afin de transformer la promesse d’interfaces qui s’adaptent aux différents écrans (donc en responsive design) : Polymer give us a closer look at what might be in store for Material Design.

polymer-responsive-6671614 Des interfaces adaptatives grâce à Polymer

Un certain nombre de documents et vidéos sont déjà disponibles, mais il faudra quelques semaines avant que la communauté ne puisse correctement s’approprier ce nouveau framework et en avoir une vision u peu plus critique. Google a donc de très grosses ambitions autour d’Android, il est donc tout à fait normal que ses équipes fournissent les outils à la communauté pour accélérer le processus d’adoption.

Vous noterez que la stratégie de Google est un mélange de celle d’Apple, qui vient de sortir son nouveau langage de développement (Swift) et de Microsoft qui a également présenté son principe de Universal Apps (cf. Microsoft lance les applications universelles pour smartphones, tablettes, ordinateurs et Xbox). Les feuilles de route des trois principaux acteurs de l’internet mobile convergent donc vers une vision très similaire : des applications universelles (qui peuvent être exécutées sur n’importe quel terminal) et des interfaces légères qui peuvent être facilement adaptées. Le problème est que tout ceci se fait à travers des technologies propriétaires. Certes, Polymer repose sur des technologies standards, mais cette tentative de passage en force de Google n’est pas sans rappeler ce que faisait Microsoft au début des années 2000 en cherchant à imposer ses propres balises pour Internet Explorer (cf. Going Native).

Très honnêtement je ne sais pas trop quoi en penser, car je ne peux que reconnaitre l’efficacité de ces interfaces. Mon coeur balance entre le souhait de vouloir respecter les standards du web, et de laisser les grands acteurs définir leur propre vitesse d’innovation. Il n’est ainsi pas inutile de rappeler que les spécifications de HTML n’ont quasiment pas évolué en 10 ans.

Au final, Google nous a livré une vision complète de la façon dont il veut faire évoluer son système d’exploitation (cf. Google prépare la révolution des interfaces Android). Il reste néanmoins des zones d’ombre, comme le fait de vouloir faire tourner des applications Android sur ChromeOS, alors qu’ils cherchent dans le même temps à faire tourner des applications ChromeOS sur Android (Google veut accélérer le développement des Chrome Apps). J’imagine que la logique derrière ça est de prouver que la frontière entre les deux systèmes d’exploitation de Google n’est pas si épaisse et que l’on peut facilement faire basculer son application de l’un à l’autre. Après un tel coup de projecteur sur Android, attendez-vous à une refonte majeure de ChromeOS dans les prochains mois…

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