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Adobe toujours dans la tourmente malgré des nouveautés intéressantes

J’ai comme l’impression que depuis qu’Adobe s’est fâché avec Apple, l’opinion publique s’est retournée. Adobe (et Macromedia avant le rachat) est une société discrète qui n’a jamais trop fait de vagues, tout simplement car c’est dans cette posture de communication qu’ils se sentent à l’aise. Mais depuis ces deux dernières années, et la montée en puissance d’HMLT5, Adobe doit faire face à une vague de critiques de la part des analystes et blogueurs qui lui reprochent subitement d’exploiter une technologie propriétaire (Flash). Un retournement surprenant dans la mesure où les éditeurs de services, producteurs de contenu, e-commerçants et même utilisateurs ne se sont jamais trop souciés du côté propriétaire de Flash et ont pu apprécier au cours de la dernière décennie tout le confort que cela apporte : Nombreuses possibilités d’affichage et de manipulation, taux d’équipement optimum (près de 98%), standard de facto adopté par l’ensemble de l’industrie…

À mesure que l’on s’enlise dans le débat HTML5 vs. Flash, les critiques se font de plus en plus pressentes sur différents sujets comme l’abandon du support de AIR sur Linux (Adobe Ditches AIR for Linux) ou les problèmes de performances sur le tout nouveau Mac Os Lion qui est sorti il y a 2 jours (Adobe Caught with Pants Down, 5 Months After Lion Released to Developers). Je ne suis pas un évangéliste d’Adobe, mais je ne comprends pas bien les raisons d’un tel acharnement vis-à-vis d’une société qui doit faire des choix en période post-crise (comme beaucoup d’autres). Encore une fois, je ne me positionne pas comme avocat d’Adobe, mais j’estime qu’il faut encore faire preuve de prudence avant de définitivement enterrer Flash (cf. Flash et HTML5 ne sont pas concurrents et Pourquoi HTML5 et Flash ne peuvent être comparés). Bref, tout ça pour dire que je trouve l’opinion publique particulièrement ingrate aux vues de ce que Flash à fait le web. À ce sujet, je réitère ma position : Flash est indissociable du web, cette technologie a toujours bien cohabité avec HTML et je ne vois pas pourquoi ça ne continuerait pas ainsi pour la prochaine décennie.

Je referme cette parenthèse pour aborder l’actualité particulièrement riche et notamment la sortie des nouvelles version de Flash et AIR en beta : Adobe AIR 3 and Flash Player 11 Desktop Beta for Developers Now Available.

Concernant Flash 11 beta, les nouveautés sont les suivantes :

  • Mode natif du 64 bits pour Widows, Mac et Linux ;
  • Nouvelle API Stage3D ;
  • Améliorations des codecs audio et vidéo (respectivement G.711 et h.264) ;
  • Support des environnements sonores HD surround 7.1…

Pour AIR 3 beta, la principale nouveauté est la simplification du processus d’installation grâce au captive runtime qui est déjà utilisé sur la version iOS de AIR.

Et puisque l’on en parle, il semblerait que la tension soit durablement redescendue entre Adobe et Apple puisque les dernières versions de Flash et Flex Builder permettent de produire une application pour l’iPhone, l’iPad et de nombreuses autres plateformes mobiles : Build Mobile Apps for Android Devices, BlackBerry PlayBook, iPhone and iPad Today. Les premiers retours sont très positifs et l’environnement de production permet même de cibler un format en particulier (par exemple le mode paysage de l’iPad et son écran 9,7 pouces). Pour un aperçu du potentiel de cet environnement, je vous invite à visiter le Adobe Mobile Showcase.

Après moult efforts, il semblerait donc qu’Adobe ai réussi son paris : Faire cohabiter Flash, HTML5 et iOS. D’autant plus avec la sortie prochaine d’Adobe Edge, l’outil d’animation reposant sur HTML5, CSS3 et javascript.

adobe_edge-4015903 L’outils d’animation HTML5 Adobe Edge

Nous ne connaissons pas encore la date exacte de sortie ni ce que cet environnement va être capable d’offrir précisément, mais ce qui est certain, c’est qu’ils n’ont pas intérêt à se rater, car Google est en embuscade avec Swiffy, son outil de conversion : Google launches ‘Swiffy’ tool to convert Flash animations into HTML5. Cet outil est sorti très récemment donc il n’y a pas encore de retours d’expérience poussés, mais la galerie d’exemples est particulièrement convaincante.

Il aura donc fallu à Adobe beaucoup d’énergie pour défendre sa position et supporter à la fois Flash et HTML5. Une posture ambitieuse que Microsoft n’a pas adopté : La révolution HTML 5 chez Microsoft va laisser des traces et Why Microsoft has made developers horrified about coding for Windows 8. Cette posture de la firme de Redmond illustre la réalité du marché : Les technologies propriétaires (Flash, Silverlight, Quicktime…) ne sont pas forcément meilleures qu’HTML, elles permettent simplement d’offrir des expériences différentiantes dans des cas de figure bien particuliers qui s’apprécient au cas par cas. Je reste donc persuadé qu’HTML5 ne va pas tuer Flash ou d’autres technologies propriétaires, au contraire, cette nouvelle itération des standards web va permettre aux éditeurs de se concentrer sur ce que leurs technologies offrent de mieux.

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